Sunday, April 19, 2009

Le G20, Le Plan Geithner et l'improbable sortie rapide de la crise

1/ Le G20

On nous avait promis qu'avec le G20, nous aurions des solutions à la hauteur de l'ampleur de la catastrophe. Au lieu de cela, nous avons eu des « mesurettes », des annonces et des "clouages au pilori" d'un certain nombre d'Etats comme si la crise financière était de leur fait.

Question : Concernant les Etats du Delaware et Nevada ainsi que Macao et Hong Kong, de quelle liste font- ils partie ?

Tout ça n'est pas sérieux, nos dirigeants ont encore manqué une belle occasion de réformer le marché financier en profondeur, de redéfinir les responsabilités des banques et de bannir les effets de leviers et le jeu du "hors bilan" lorsqu'il s'agit d'organismes qui ont des conséquences directes sur le reste de l'économie.

Il s'agissait aussi de définir un cadre pour sortir de la spirale du crédit à tout va, qui donne l'illusion d'une création de richesse, et habituer les gens à ne dépenser que ce qu'ils ont réellement gagné et épargné. Ceci passe nécessairement par une période de disette mais Ô combien salvatrice y compris pour ceux qui militent comme moi pour le développement durable.

Il aurait fallu :

1 - Mettre en faillite toutes les entreprises non profitables et qui ont sollicité les Etats pour les renflouer. Cela peut paraître cynique mais une entreprise qui ne fait pas de profit et qui a failli n'a pas lieu d'être. C'est la loi de la sélection naturelle. Prenez l'exemple de GM. Cette entreprise (son acolyte Chrysler aussi) n'a pas gagné d'argent depuis des décennies avec la production et la vente de ces voitures mais par ses investissements financiers ! Cette situation, tout le monde la connaissait mais tant que cela arrangeait tout le monde on fermait les yeux et tout le monde était content dans "Happy Land". Ces sociétés sont en faillite, c'est clair, mais on est simplement en train de jouer la montre jusqu'à l'été : Période des vacances oblige, pour annoncer la mauvaise nouvelle et faire passer ça en perte et profit.

2 - Bannir le "too big to fail". C'est le meilleur catalyseur pour des risques systémiques.

3 - Le bonus du trader (Oui, Ils ne disparaitront pas de si tôt) doit être fonction des profits "nets" obtenus rapprochés du degré de risque pris. En effet, plus le risque pris est conséquent plus la valeur du bonus s'en trouve affectée.

4 - Etant donné que la majorité des banquiers ne comprennent pas comment utiliser les dérivés de crédit (ABS, CDS, MBS, ...), il faudra leur en interdire l'utilisation. C'est comme un enfant qui joue avec un couteau : en tant que personne responsable, on ne le laissera pas faire. Par ailleurs, le jeu du "hors bilan" doit tout simplement disparaître en interdisant en premier lieu les CDO au carré, la possibilité de mixer les crédits différents (consommation, hypothécaire, ...) dans un même CDO, ...

5 - Interdire l'indexation des retraites (y compris les complémentaires) sur les marchés boursiers. Ce système conduit à la précarisation des personnes qui ne sont plus actives et qui ne le peuvent plus et qui par ailleurs, ont perdu tout leur pouvoir d'achat par l'inconscience d'un système devenu arrogant. C'est le comble de l'injustice. On doit interdire la financiarisation de ce type de revenus.

6 - Promouvoir le véritable entreprenariat (celui qui crée la valeur et non celui de la spéculation), remettre en place une véritable éducation de gestion des entreprises par la promotion de vrais Masters de gestion (SCM, Gestion de production, Diagnostic des entreprises, Analyse de la chaine de valeur des entreprises, ...) en lieu et place de ceux dédiés à la finance des marchés et à la spéculation.

7 - Interdire radicalement toute information financière douteuse. Dans "Happy Land" (USA), dernièrement Wells Fargo et Goldman & Sachs ont publié des chiffres trimestriels plus qu'encourageants laissant penser que la sortie de crise est pour bientôt. Que nenni !!! Ils ont manipulé leurs chiffres pour rendre la mariée plus que désirable. Pour la petite histoire, Goldman & Sachs, du fait du changement de son statut, a comparé ses résultats trimestriels avec ceux de l'année passée tout en omettant le mois de décembre qui a été le pire depuis des décennies. Si ce n'est pas de la magouille ça y ressemble.

Au lieu de cela, nous avons un communiqué final dans lequel, le FMI recevait une dotation de 1000 milliards pour éteindre les foyers de feu qui peuvent reprendre ici ou là. Et, cerise sur le gâteau, une salve d'indignation sur les méfaits des paradis fiscaux, sources de tous nos ennuis. Ben Voyons !!! : C'est affligeant.

Le cas de l'Europe de l'Est et des dérives de la société de consommation dans laquelle plusieurs pays (Bulgarie, Roumanie, Hongrie, ...) se sont engouffrés avec la bienveillance des banques européennes, reste à résoudre et il sera douloureux et cela, sans oublier des pays comme l'Espagne et l'Irlande qui sont pratiquement en cessation de paiement (oui, l'Islande est déjà en faillite, on ne la compte plus).

Bref, quand j’entends certains "experts" parler de la sortie probable de crise en 2010, je me dis que certains n'ont peur de rien et que le ridicule ne tue pas. Non, messieurs, la sortie n'est pas pour bientôt, ce système financier ne fonctionne plus et ne fonctionnera plus ; les bonnes mesures ne sont pas prises. Perpétuer ce système revient à fuir la confrontation de la dure réalité que nous vivons aujourd'hui : une Dépression économique.


2/ Le plan Geithner

Dernièrement, le département du Trésor a organisé les Tests de Stress. Ces tests pratiqués dans les banques (mais aussi les assurances, les compagnies pétrolières, bref, toute entreprise confrontée à des risques endogènes ou exogènes et qui peuvent influer sur sa solvabilité) pour éprouver la validité d'un certain nombre de modèles fonction de facteurs de risque prenant en compte des variables macros ou micro-économiques. Où en est-on ? Ce qu’on a annoncé ou qu'on va annoncer est-il digne de confiance ? Dans l'ère "Madoffienne", je ne peux qu'être circonspect. Affaire à suivre.

Revenons à notre plan. J'avais dit en septembre 2008 dans "Le plan Paulson" qu'il avait le mérite d'exister mais qu'il n'était pas suffisant. 6 mois plus tard, nous avons un autre plan, "remake" du premier en plus élaboré mais qui ne rapporte rien de nouveau : Le plan Geithner.

De quoi s'agit-il? Ni plus ni moins de sortir les actifs "toxiques" des banques à un prix X et essayer de les vendre à un prix Y sur le marché. En regardant de plus près, je me dis qu'il y a anguille sous roche. Pourquoi vouloir assainir à tout prix des banques qui ont failli et en plus qui, par leur cupidité légendaire, ont précipité plusieurs secteurs dans leur chute ? En lieu et place, il aurait mieux fallu les mettre faillite : nationaliser les dépôts des contribuables et laisser tomber les actionnaires. C'est cynique mais c'est le SEUL remède.

La réponse est toute trouvée : les "CDS" (Credit Default Swap). Il s'agit d'un contrat d'assurance par lequel une banque (acheteuse de CDS) se prémunit de la défaillance d'une contrepartie (tiers) par le versement d'une prime au vendeur (les plus gros vendeurs de ces dérivés de crédit sont feu Leman, Goldman, feu Merrill, JP Morgan et quelques banques comme Wells Fargo, Vachovia ou HSBC : Bref, des gens sérieux, honnêtes et compétents).

Vous imaginez bien que la liste ci-dessus est made in USA (Happy Land) en grande majorité. Compte tenu de leur exposition (Eh oui, on parle de dérivé de crédit donc pas besoin de posséder le sous-jacent donc effet de levier à l'infini !!!) estimé entre 45 et 60 Mille milliard (si si je vous assure !!!), ces banques sont clairement insolvables et donc il est urgent de sortir ces dérivés de crédit de leurs portefeuilles pour les mettre à l’abri. Ce plan n'a d'autre utilité que de prévenir toute disparition de ces institutions.

Devant ce constat, Monsieur Geithner n'a aucun choix. Il doit sortir ces actifs toxiques pour éviter d'anéantir le système financier mondial ou ce qu'il en reste. Donc les vraies mesures d'assainissement et de refonte de ce système attendront.
Ce n’est pas joli, joli du tout mais je ne connais pas la fin (tiens ça me rappelle une chanson).

La sortie de crise attendra elle aussi.