Friday, November 4, 2011

Et maintenant que faire ?

La lente agonie de la Grèce nous rappelle que nous sommes face à une crise sévère pas simplement d'ordre financier mais aussi économique et sociale. Les différents plans concoctés depuis 2010 n'ont rien résolu et ne résoudront rien car fondamentalement on ne s'attaque pas à la racine du mal : L'endettement irraisonné dû à la perte de compétitivité et une gestion calamiteuse de la chose de l'état.

La Grèce, la tragédie estivale et automnale, ne pourra s'en sortir que si elle s'attaque de fond en comble à sa structure de gouvernance. Or rien n'est fait en ce sens. Les milliards injectés par l'Europe et le FMI servent surtout à combler les déficits des budgets de fonctionnement.

A l'échelle de l'Europe, la défaillance structurelle et le manque de gouvernance, où chaque pays membre voit midi à sa porte, où les discussions interminables et intérêts souvent opposés, ont aggravé et rendu la situation intenable. Je dirai même que certains considèrent l'Europe comme un club sympa pour faire du "business". Or cet état de choses ne peut plus continuer car L'Europe est au pied du mur. Ce mur, la Grèce s'est fracassée contre, et ce n'est que le début. La liste des candidats est longue. Car au-delà du trio sudiste Italie, Espagne et Portugal, viendront sûrement les pays de l'Est engagés dans une construction européenne non achevée.

Dans cette cacophonie générale, seuls des actes clairs, nets et précis et une vision à moyen / long terme viendront à bout de cette hécatombe. Or, jusqu'à présent, les sommets se succèdent et engendrent des "mesurettes”, des intentions et plans de communication obéissant surtout à des impératifs nationaux et électoralistes de façon à ménager la chèvre et le choux.

Vouloir enrayer cette spirale sans se poser la vraie question sur le mode gouvernance de l'Europe ne permettra en rien de résoudre les difficultés présentes. Au mieux cela apaisera les marchés financiers pendant quelques temps en attendant une autre bourrasque qui balayera ce qui reste de l'édifice.

Je pense qu'on est à la croisée des chemins et que la question à se poser : Voulons-nous une Europe fédérale ou pas ? Si oui, alors il faut commencer par achever la construction européenne et "fissa".
Autrement, point de salut car l'Europe n'a et n'aura plus le temps d'attendre les ratifications des uns et des autres pour entériner les décisions prises, elle n'a et n'aura plus les moyens de statuer sur les guerres fiscales que se livrent les pays membres entre eux.

Le fédéralisme a ça de particulier, c'est qu'il permet un transfert de richesse de certaines zones vers d'autres. Il permet aussi une cohérence en termes de structure politique et les décisions qui s'y réfèrent notamment lorsqu’elles sont d’ordre économique, budgétaire ou fiscale. Or, c'est l'essence même de la cohésion. Ce que l'Europe actuellement n'a pas.

Certes, dans ce cas de figure, il y aura abandon de souveraineté nationale sur un certain nombre de sujets. Mais ce prix est-il si élevé qu'on nous laisse le croire ? Je ne le pense pas. Il y aura toujours des contre arguments et vouloir s'accrocher aux faits du passé où la grandeur des uns ou des autres est la pire des choses à envisager. Dès lors, l’Europe se condamne à l'inertie.

Je suis très pessimiste sur l'issue de ce marasme (j'espère me tromper) car la solution qui est en train de se tramer c'est celle du "quantitative easing". Solution de facilité plutôt que de revoir cette fichue gouvernance.
Le « quantitative easing » : concept marketing pour désigner l'emploi de la planche à billet. C'est à dire la création de monnaie ex nihilo. Regardez les US et l'Angleterre qui ont usé et abusé de cet outil? Ont-ils plus de croissance ? La réponse est NON.

Le résultat, on le connait, une inflation galopante sans croissance : Donc un pouvoir d'achat qui s'étiole, des épargnants floués voyant s'éroder l'économie d'une vie, de plus en plus de laissés pour compte et des mouvements sociaux de plus en plus violents. En somme, un monde agité.

Et maintenant que faire ? Rien, on attendra docilement que tous ces gens aillent jusqu'au bout de leurs erreurs.

PS : je n’ai pas abordé les « conclusions » du G20. Il me semble que ça ne sert plus à rien de s’y attarder.